J’ai toujours envié ces autres qui parlent de leur
grand-mère avec amour. Cette relation intense vécue entre des personnes d’une
même famille. Leurs yeux pétillent à l’avance de leurs souvenirs. Mes souvenirs à moi sont, comment dirais-je,
tristes et humides. Marie, ainsi se nomme ma grand-mère, était une femme dure
et peu incline aux gestes affectueux. Ses propres enfants jettent un
regard amer de leur vie en sa compagnie. Maman l’a première. Pourtant j’ai
partagé un bout de chemin avec ma grand-mère, mémé. J’ai adoré les vacances
chez mes grands-parents, mais entourée de mes cousins-cousines, oncles et
tantes. Nous dormions tous dans des petites maisons attenantes à la sienne. Mon
grand-père était là, mon pépé. Que j’ai aimé cet homme. Il était son opposé. Je
me souviens de nos moments ensembles, doux et heureux. Quand celui-ci est
décédé, nos visites se sont espacées. J ’avais sept ans. Ma grand-mère avait
ses « chouchou » dont mon frère. Pourquoi différencier ses
petits-enfants ? Lorsque parfois nous abordons ce sujet, entre cousins,
nous sommes encore troublés. Mais aucune rancune envers lesdits
« chouchou ».
A vingt ans, j’ai éprouvé le besoin de renouer avec ma
grand-mère. Beaucoup plus tard, les repas dominicaux furent des prétextes afin
de lui présenter mes enfants. Ma fille aînée porte son prénom. Marie (mémé) excellait aux fourneaux. J’ai
encore l’eau à la bouche des plats dégustés. Une cuisine du terroir simple et
goûteuse. Pourtant mes souvenirs d’enfant sont douloureux. Les images et les
paroles encore blessantes font échos à cette période.
Et puis, il y a la rumeur. Celle-ci véhicule au travers des
générations sans bien-fondé mais bien présente. Ce poison gravite autour de ma
grand-mère et s’accroche à elle malgré son décès en 2003. Il a amplifié ce
rejet envers elle.
Marie (mémé) a essayé de communiquer à plusieurs reprises. J’ai
refusé catégoriquement. Pas très chrétien de ma part. J’étais mal à l’aise de
lui refuser cela. Pourtant lors d’une conférence d’un médium Victor, j’ai
déposé sa photo et elle fût choisi parmi tant d’autres. Victor me décrit ma
grand-mère. Celle-ci se montre dans sa cuisine avec ses plats en fonte pour cuisiner.
Puis Elle me dit :
« Toutes les vérités dites
sur moi ne sont pas justes. Je veux te parler. »
Je reste sur ma décision et refuse obstinément de
lui accorder le bénéfice du doute.
Nos défunts sont très « malins » pour arriver à
leurs fins et nous transmettre leur message.
Férue de généalogie, je travaille depuis peu sur ma
branche maternelle avec un cousin. Dernièrement, celui-ci a obtenu des
documents qui innocente totalement ma grand-mère dans une affaire très
douloureuse. Ces pièces émanent du tribunal et un travail très sérieux a été effectué
avant ce jugement. Je suis bouleversée. Je
me remets en question. Qui suis-je pour avoir suivi cette rumeur ? Aveuglée
par mes souvenirs, je n’ai accordé que du mépris à ma grand-mère. Depuis mille
questions m’assaillent. Qui est-elle ? Comment a-t-elle vécu ? Et
beaucoup d’autres.
Depuis ces révélations, aucun contact. Je pense qu’elle me
laisse « digérer ». Comme beaucoup, j’ai laissé cette rumeur
persister. En accordant du crédit à celle-ci, mon jugement a été faussé. C’est pour cela, qu’aujourd’hui,
je réhabilite ma grand-mère. Bien sûr, elle ne nous a pas transmis l’amour
qu’espère tout enfant. Mais son histoire lui appartient et n’est pas la mienne.
J’aurais appris une bonne leçon, ne pas JUGER.
Nous pouvons tous être « victimes » d’absurdités.
magnifique témoignage qui fait écho chez chacun d entre nous :)
RépondreSupprimerJe te remercie Malou. Cet article est très particulier pour moi. Pas facile d'écrire sur les siens. Mais c'est libérateur.
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