Cet article est le second que je consacre à ma grand-mère. Mon aïeule était une femme de caractère. Marie naîtra en 1903 et décédera en 2003 lors de la canicule qui sévissait à cette période. J’avais 38 ans. Ma grand-mère a connu une vie assez mouvementée. Sa relation avec ses petits-enfants était particulière. Il y a ceux qu’elle affectionnait et puis les autres. Autres dont je faisais partie.
Très sincèrement, je pense avoir cherché l’amour de mon
aïeule toute ma vie. Et encore aujourd’hui, où elle n’est plus de ce monde, je
suis en quête de celui-ci.
Il est difficile (parfois) pour un médium de communiquer
avec ses propres défunts. Pour ma part, mon histoire m’empêche de joindre Marie
directement. Je décide donc de consulter une médium.
Les rôles sont inversés. De médium, je deviens consultante.
Je me glisse dans l’attente de ce rendez-vous. Que va-t-il ressortir de cet
instant ? Je dois reconnaître être frileuse de « cet échange »
avec ma mémé.
Lorsqu’un défunt rejoint le monde de l’Invisible, il choisit
sa voie. Beaucoup changent et évoluent afin de s’élever. D’autres ont besoin de
temps et restent dans l’image de leur vie terrestre. Chacun avance à son
rythme. Aucun jugement. Marie, quant à elle, est « restée » dans sa
vie terrestre. Cela lui appartient. Mais pour moi, cela fût difficile
d’entendre le peu de mots à mon encontre…
Le jour J, la médium me contacte. La photo de Marie entre les mains, elle commence.
Ma grand-mère est présente. Mon aïeule est près du caveau
familial où repose son corps. Ce lieu était très important pour elle. Elle
l’évoquait souvent en notre présence. Au bout d’une main, un arrosoir afin de
rafraîchir les plantes et fleurs présentes sur la stèle. Ma grand-mère ne
daigne pas se retourner. La médium est assez surprise. C’est la première fois
qu’un défunt lui tourne le dos. Mémé gardera cette attitude durant l’échange.
Se souvient-elle de moi ? Mais oui. J’étais une enfant turbulente et lui
aurais causé des tracas. Le ton employé est ferme. Voilà les seules paroles pour
moi. Elle évoquera rapidement d’autres personnes. Et rien de plus.
J’avais sept ans.
Comment une petite fille peut-elle apporter du tracas ? Mes cousins et cousines
n’étaient pas pires ou meilleurs que moi.
Mon grand-père se manifeste. Une énergie d’amour et de
douceur nous envahit. Le contraste est énorme, saisissant. Cela me fait un bien
fou. Quel bonheur d’avoir connu cet homme.
La consultation prend fin. Toujours de dos, mémé me dit au
revoir (enfin il me semble) tandis que mon pépé m’envoie le souffle d’un baiser
avec sa main. La médium est sidérée. Cela ne lui est jamais arrivée.
« Sacré caractère la grand-mère ».
La petite fille en moi est triste, très triste. Et la femme
que je suis devenue ne peut retenir ses larmes. A l’écriture de ces mots, les larmes
m’effleurent. Comment guérir de cet amour que je recherche et qui ne m’est pas
offert ? J’y travaille.
Nous recherchons tous l’Amour, qu’il soit dans un contexte
amoureux, amical, familial, etc. Il en découle des émotions de tristesse, de
colère et d’incompréhension. Pour ma part, j’identifie ce manque comme cela.
Vous aurez certainement une autre approche liée à votre histoire.
Quoi qu’il en soit, inévitablement nous travaillons sur une
blessure connue au travers d’autres vies.
Je me sais aimée et entourée. Pourtant je ne cicatrise pas
de ce manque. Le plus beau cadeau que je puisse nous offrir, est le pardon. Je
dois changer mon regard et ne pas la juger. Le cadre familial est un milieu
complexe où fourmillent diverses problématiques. Rien n’est dû au hasard.
A bientôt.
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