samedi 31 mars 2018

Lettre à Dédé


Tout d'abord, je tiens à m'excuser auprès de toi pour ne pas être venu à tes funérailles, Lundi. Mes pensées étaient tournées vers toi, tandis que mes mains touchaient ces blocs granitiques si imposants, si majestueux, traversant le temps.
Je ne connaissais pas les Mont d'Arrée et ce fut un véritable coup de foudre! J'aime les pierres, je me sens si connecté à elles.
On s'était rencontré pour un moment familial, un jour de plein soleil, de douceur Angevine. Te souviens-tu? Je t'avais senti heureux d'être tous ensemble et j'étais heureux pour toi. Quand je pense à toi, c'est curieux, je vois un cercle.
Et il y avait ce petit bout de femme; Angèle! Quelle sacré femme ton épouse, Dédé. Elle porte si bien son nom, un ange, un archange. Ton ange. Le cercle s'est reformé autour d'elle. La boucle est bouclée.
Et puis il y a eu cette autre journée, comment dire, si particulière. J'ai eu très froid, une profonde tristesse, du mal à respirer. J'ai compris dans la soirée que l'on s'adressait à moi. Je ne savais pas que c'était toi Dédé, pas encore. 
Et puis, ma femme m'a appris ton décès le lendemain, tu étais parti, d'une embolie pulmonaire.
3 bougies ont été posées sur la table ce soir-là (sous les recommandations de ma "Maître Jedi " qui rira j'en suis sûr) et la lumière fut.
Tu peux respirer à nouveau maintenant, un nouveau souffle d'éternité t'attend.

Je te laisse Dédé avec les paroles de Serge Reggiani qui résonnaient si forts dans mes écouteurs ce jour-là;


"Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ? "





                                                                                      

mercredi 28 mars 2018

Ma grand-mère Marie


J’ai toujours envié ces autres qui parlent de leur grand-mère avec amour. Cette relation intense vécue entre des personnes d’une même famille. Leurs yeux pétillent à l’avance de leurs souvenirs.  Mes souvenirs à moi sont, comment dirais-je, tristes et humides. Marie, ainsi se nomme ma grand-mère, était une femme dure et peu incline aux gestes affectueux. Ses propres enfants jettent un regard amer de leur vie en sa compagnie. Maman l’a première. Pourtant j’ai partagé un bout de chemin avec ma grand-mère, mémé. J’ai adoré les vacances chez mes grands-parents, mais entourée de mes cousins-cousines, oncles et tantes. Nous dormions tous dans des petites maisons attenantes à la sienne. Mon grand-père était là, mon pépé. Que j’ai aimé cet homme. Il était son opposé. Je me souviens de nos moments ensembles, doux et heureux. Quand celui-ci est décédé, nos visites se sont espacées. J ’avais sept ans. Ma grand-mère avait ses « chouchou » dont mon frère. Pourquoi différencier ses petits-enfants ? Lorsque parfois nous abordons ce sujet, entre cousins, nous sommes encore troublés. Mais aucune rancune envers lesdits « chouchou ».

A vingt ans, j’ai éprouvé le besoin de renouer avec ma grand-mère. Beaucoup plus tard, les repas dominicaux furent des prétextes afin de lui présenter mes enfants. Ma fille aînée porte son prénom. Marie (mémé) excellait aux fourneaux. J’ai encore l’eau à la bouche des plats dégustés. Une cuisine du terroir simple et goûteuse. Pourtant mes souvenirs d’enfant sont douloureux. Les images et les paroles encore blessantes font échos à cette période.

Et puis, il y a la rumeur. Celle-ci véhicule au travers des générations sans bien-fondé mais bien présente. Ce poison gravite autour de ma grand-mère et s’accroche à elle malgré son décès en 2003. Il a amplifié ce rejet envers elle.
Marie (mémé) a essayé de communiquer à plusieurs reprises. J’ai refusé catégoriquement. Pas très chrétien de ma part. J’étais mal à l’aise de lui refuser cela. Pourtant lors d’une conférence d’un médium Victor, j’ai déposé sa photo et elle fût choisi parmi tant d’autres. Victor me décrit ma grand-mère. Celle-ci se montre dans sa cuisine avec ses plats en fonte pour cuisiner.  Puis Elle me dit :

« Toutes les vérités dites sur moi ne sont pas justes.  Je veux te parler. »

Je reste sur ma décision et refuse obstinément de lui accorder le bénéfice du doute.

Nos défunts sont très « malins » pour arriver à leurs fins et nous transmettre leur message.

Férue de généalogie, je travaille depuis peu sur ma branche maternelle avec un cousin. Dernièrement, celui-ci a obtenu des documents qui innocente totalement ma grand-mère dans une affaire très douloureuse. Ces pièces émanent du tribunal et un travail très sérieux a été effectué avant ce jugement.  Je suis bouleversée. Je me remets en question. Qui suis-je pour avoir suivi cette rumeur ? Aveuglée par mes souvenirs, je n’ai accordé que du mépris à ma grand-mère. Depuis mille questions m’assaillent. Qui est-elle ? Comment a-t-elle vécu ? Et beaucoup d’autres.

Depuis ces révélations, aucun contact. Je pense qu’elle me laisse « digérer ». Comme beaucoup, j’ai laissé cette rumeur persister. En accordant du crédit à celle-ci, mon jugement a été faussé. C’est pour cela, qu’aujourd’hui, je réhabilite ma grand-mère. Bien sûr, elle ne nous a pas transmis l’amour qu’espère tout enfant. Mais son histoire lui appartient et n’est pas la mienne.

J’aurais appris une bonne leçon, ne pas JUGER. Nous pouvons tous être « victimes » d’absurdités.

A bientôt.

arbres et ruines maison Irlande