mardi 8 février 2022

Regard sur nos défunts

 

Parfois lorsqu’une personne décède, nous avons tendance à la rendre plus belle dans sa mort. Notre tristesse est telle qu’elle bouleverse notre réalité. Comme si les défauts qui lui étaient propres disparaissaient avec elle. Notre vision tronquée s’en arrange.

J’ai vécu cela très profondément en moi. Pas touche à la mémoire de papa. Aucune critique n’est acceptée. Rien que des belles histoires à raconter dans les cercles familiaux ou amicaux.  Pourtant il était rempli de défauts et de maladresse.

Mon papa, le premier homme de ma vie. Je l’ai aimé de tout mon cœur, de toutes mes forces. Telle la puissance d’amour qu’une enfant puisse offrir à son père. Un amour tendre, joyeux que l’on partage dans une fratrie. Tous nous l’avons aimé d’un amour exclusif et partagé. Et pourtant, cet amour n’a pas suffi à retenir l’un de nous.  Dans un fracas terrible, l’éloignement a pris une place sournoise, indélébile. Une première blessure qui nous a tous transformé à jamais. Tant de questions sans réponses. La fratrie restante s’est soudée autour du patriarche, au détriment de cet absent des rencontres familiales.  Au fil du temps, la relation se détériorera complétement. Quelle tristesse pour nous tous. Encore aujourd’hui nous sommes partagés.

Quel rôle à jouer mon père dans ce fiasco ? Nous l’avons affranchi de toutes réponses.

Et maman dans tout cela ? Elle a pris le peu que nous lui laissions. Tellement à l’opposé de son mari, qu’elle représentait « la méchante ». Et pourtant, aujourd’hui, je découvre ma mère. D’autres m’ont raconté son histoire, leur histoire. Elle aussi aura aimé cet homme d’un amour incommensurable. On pardonne tout à ce père, à ce mari.

Beaucoup auraient apprécié d’avoir un papa comme lui. Sa famille c’était sa plus belle réussite. Un regard suffisait à nous remettre à notre place. Têtu, borné, gourmand, travailleur, tendre, triste sont les mots qui me viennent. Mais il était tellement plus encore. A son enterrement, la foule débordait sur les marches de l’église. Les larmes versées, ce jour-là, ne furent pas que les nôtres.  Ces autres avaient un regard différent de notre père. Ils garderont l’image sympathique que renvoyait cet homme.

A travers cet article, il est important de comprendre que nos chers défunts ne deviennent pas parfaits avec la mort. Soyons justes avec eux et nous-même quant à leur réelle personnalité.

 

A bientôt.


Cœur sur un pavé de Carcassonne


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